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Vous savez désormais compter en Perse grâce au titre. Cela peut s'avérer assez utile notamment sur la route, même si la plupart des panneaux ont une traduction en lettres latines ou chiffres arabes





Derniers jours en Turquie dans la ville de Dogubayazit. Je suis venu depuis Erzurum en partie en compagnie du jeune hollandais. Alors qu'il est déjà dans les starting-blocks pour repartir en direction de l’Iran, je profite d'une nuit supplémentaire en compagnie de nos hôtes kurdes. Zeze et Cemal partagent avec nous leur passion pour leur culture et leur musique et j'apprécie d'en savoir un peu plus sur ce peuple. Leur forte identité culturelle fait comprendre à quel point ils se sentent à l'écart du reste de la Turquie. Ici on parle une autre langue et attention à ne pas tout mélanger.

J'accompagne cependant Dennis sur quelques kilomètres pour vérifier l'état de mon genou douloureux. A mon retour je découvre sur mon téléphone des messages d'un couple de cyclistes qui se trouvent en Iran. Après avoir parcouru un tracé similaire au mien, Elis et Luk rentrent chez eux en stop depuis l'Iran pour les fêtes de fin d'année. Ils ont peu de chances d'atteindre Erzurum dans la journée et décident de profiter de l'occasion pour me rencontrer à Dogubayazit. Mes hôtes me proposent naturellement de les accueillir, et je me mets aux fourneaux pour régaler tout ce petit monde.


C'est une soirée joyeuse et nous échangeons beaucoup sur le début de notre parcours. A part Dennis jen'ai encore rencontré que peu de voyageurs à vélo et nous nous régalons de nos diverses expériences et anecdotes. Ils ont notamment roulé près d'un mois en Turquie en compagnie d'Adam que j'avais retrouvé à Isparta. Nous partons le lendemain avec la promesse de nous retrouver après l'hiver, puisqu'il qu'ils quitteront l’Iran pour traverser la Pamir Highway, ce qui est plus ou moins dans mon programme, ainsi que celui d'Adam.


Je pars le lendemain sous le regard impérial du mont Ararat, fier de ses 5165m d'altitude. Longtemps disputé entre arméniens et turques il est parfois le refuge des insurgés du PKK et l'armée surveille ardemment ce massif. Les expéditions touristiques sont de plus en plus difficiles à réaliser. Il semblerait qu'il ait été possible de le gravir 2 fois cette année, les guides locaux souffrant du manque à gagner.

Après quelques kilomètres je rejoins rapidement la frontière Iranienne. Je suis arrêté par deux fois par des enfants qui n'auront qu'un mot à la bouche : « money money ». Depuis mon arrivée à Erzurum il n'est pas rare de me voir accoster de la sorte par les enfants, dont l'image de l'occidental semble assez stéréotypée.

La frontière est assez animée. Les Turcs étant dispensés de visa pour l'Iran, certains font des aller-retours pour faire passer des objets de contrebande. A mon arrivée tout un groupe de jeunes se scotchent des articles autours de la ceinture et des cuisses avant de remonter leur pantalon large prévu à cet effet. Les gardes ne semblent pas très concernés par la situation.

Au poste iranien un changeur de monnaie m'accompagne au bureau où je dois effectuer les formalités. Je me retrouve dans un bureau pour les étrangers. Le temps passe les formalités s’éternisent. Je me rend compte que j'ai laissé sur mon vélo ma sacoche de guidon où se trouve mon argent, mon appareil photo, ma caméra... J'informe l'agent que je compte récupérer ces affaires. Elle est bien surprise de me voir insister mais me laisse finalement faire l'aller retour. J'ai même laissé mon téléphone qui me sert de GPS sur mon guidon. Mais effectivement personne ne semble bien intéressé à me dérober et ici le respect de l'étranger est (généralement) primordial. Je regagne le bureau sous l’œil amusée de l'agent qui me lance « ça se voit que c'est votre première fois en Iran».

Mes premiers kilomètres en Iran ne sont pas faciles, il n'y a qu'une route principale où transitent les camions de marchandises. Je m'engage dans une vallée étroite aux parois de calcaire rougeoyant. Puis c'est le plat pays, l'horizon à perte de vue. Malgré que je culmine à environ 1500m d’altitude il n'y a plus aucun relief. Je commence à m’interroger d’où je vais pouvoir établir mon campement. Mais en traversant une petite ville je suis intercepté par Meysan. Je l'avais contacté par internet via Couchsurfing, mais faute d’accès internet en Iran, je n'avais pas nouvelles. Il n'est pas en mesure de m'accueillir car réside actuellement dans sa famille avant de partir pour le service militaire (2 ans en Iran). Il me propose un hôtel bon marché qui se trouve quelques 15km en arrière. Je décline poliment, n'étant pas enclin à rebrousser chemin. Je préfère camper non loin de la ville. Mais un garagiste qui assiste à la conversation me propose finalement de m’héberger. Il faut savoir que les Iraniens vous proposeront toujours l'hospitalité ainsi que de vous aider. Mais il est bon d'avoir autant conscience qu'il est rigoureusement interdit par la loi d'accueillir les étrangers afin de préserver ce privilège aux hôteliers.


Le lendemain je prends la route à la fraîche, c'est à dire vers 10h, c'est l'hiver ici aussi! La route reste monotone, et l'épais voile nuageux ne me permet pas d'apprécier les paysages alentours. Mais en contre partie je reçois l'accueil des gens qui me saluent à mon passage. Certains se contentent d'un appel de phare, qui me suffit amplement, mais la plupart n’hésitent pas à me klaxonner copieusement et je dois revêtir mes écouteurs pour couvrir le son. Meysan m'avait indiqué une petite ville où trouver une auberge. Mais à mon arrivée rien ne présage qu'il y ait un tel établissement. Cela se confirme auprès des habitants. Je fini par demander dans un restaurant pour routiers s'ils ont de quoi passer la nuit, refus de même. Mais devant ma mine dépitée le gérant me propose finalement de rester et d'occuper la salle de prière pour la nuit. Je vais pouvoir parfaire mon l'islam! Une soirée loin d'être de première classe mais tout autant fraternel, je ne passe naturellement pas inaperçu. La télé diffuse des discours d'Erdogan qui animent les débats. La plupart des routiers sont turcs, et dans cette région de l'est Azerbaïdjan le turc est plus couramment utilisé que le perse.

Dernier jour de vélo pour atteindre Marand. Je signe ici l’arrêt de mon périple. Je souhaitais poursuivre jusque Tabriz mais les intempéries m'en dissuaderont.


A Marand c'est Yashar qui m'accueille. Pas encore 18 ans, mais une passion pour le vélo et le voyage. Par les réseaux sociaux Yashar communique avec les voyageurs et c'est près de 200 voyageurs qui se sont arrêtés ici. Il faut dire que la configuration de la ville s'y prête lorsque l'on arrive de Turquie ou d’Arménie. Je suis accueilli dans un atelier de travaux manuels : couture, sculpture, gravure sur cuivre... Yashar est disposé à passer du temps avec moi, beaucoup plus qu'à l'école apparemment. Il me fait rapidement faire le tour des amis. Je me dois de visiter les uns et les autres. C'est traditionnellement le schéma iranien, ou le touriste devient une véritable attraction. Mais j'aime à passer du temps ici. Je dois me rendre dans le sud du pays plus d'une semaine plus tard alors je ne suis pas vraiment pressé par le temps.


Pendant mon arrêt sur place je rencontrerai Kit, un cyclo malaisien qui a fait un peu la route inverse à la mienne. Nous nous rendons dans un cours d'anglais extra scolaire dispensé par un prof indépendant. Les élèves ont entre 16 et 18 ans et le cours est mixte ce qui n'est pas commun puisque les cours sont séparés jusque l'université.

Alors que nous clôturons, une des femmes responsables de l'administration a pris la liberté d'appeler son mari qui gère une sorte de club de montagne local. Nous sommes conviés à rencontrer les montagnards du coin. J'espère y glaner quelques informations pour du ski de randonnée dans les alentours, mais ça ne semble pas vraiment très courant en Iran. Nous sommes cependant invités à passer la soirée dans un refuge en leur compagnie, accessible en voiture tout de même. Nous attendons d'abord deux hollandais avec qui j'étais en contact depuis quelques jours et qui doivent nous rejoindre en ville. Valérie et Stijn voyagent ensemble, bien qu'ils ne soient pas en couple. A leur arrivée nous embarquons dans les voitures. pas le temps de souffler pour eux alors qu'ils ont passé une partie de la journée à pédaler sous la neige. J'ai oublié de vous préciser qu'il neige depuis 24h! Nous avançons donc sur des petites routes pas déneigées. Si j'avais pensé nos chauffeurs un peu expérimenté en la matière de conduite sur la neige, je déchante vite lorsque je les vois manœuvrer et s’évertuer à accélérer. Je tente de donner quelques conseils, mais rien y fait. Jusqu'à ce que les chaînes à neige aient raison d'un des pneus à force de patiner. Nous finissons donc à pied... les deux cents derniers mètres. Tout ça pour ça ! S'en suivra une belle soirée animée en compagnie de joyeux lurons, et le lendemain le temps est complètement dégagé et le soleil de retour.

Une journée de plus à Marand. Kit le malaisien a pris un bus pour la frontière son visa étant sur le point d'expirer.Valérie et Stiyn restent à attendre que les routes soient un peu plus dégagées. Nous en profitons pour nous rendre à une autre classe d'anglais, des lycéens de nouveau. Loin des banalités que j'ai pu avoir en général, la discussion est vite animée et intéressante. Nous échangeons sur nos différences culturelles et nos décisions respectives d’entreprendre un tel voyage. Les étudiants sont vraiment intéressés. Nous n’échapperons cependant pas à la traditionnelle séance « selfie ».

Les hollandais partent le lendemain pour Tabriz où ils prendront un bus pour s'avancer plus au sud. Je décide d'éviter d'infliger un tel traitement à mon vélo (sel, boue...). Je reviendrai de toute façon au printemps comme point de départ pour la suite de mon aventure.


Je prends donc un bus de nuit pour Téhéran. Je pars un peu dans le flou, mon arrêt à Marand n'a pas été d'un si grand repos. Ballotté à droite et à gauche durant mon séjour, j'ai besoin de repos. Ce qui ne sera pas vraiment fourni par ma nuit dans le bus. J'arrive au petit matin à Téhéran. J'ai plus d'une vingtaine de kilomètres à parcourir pour rejoindre le nord de la ville où m'attends un hôte (un ami d'ami... c'est comme ça que ça marche ici!). Je me retrouve donc à déambuler dans les rues de cette capitale, et le spectacle est de mise au regard de la conduite des iraniens. Je me fraye un chemin parmi les taxis aux arrêts incessants : pour diminuer le prix de la course les taxi sont partagés. Mais je me prends rapidement au jeu et m'offre même quelques grands boulevards de la ville. Bien content d'arriver, Moshir me met rapidement à l'aise : ici c'est comme chez toi. Je comptais me reposer mais les démarches administratives pouvant s'avérer un peu longue je décide de les entamer le même jour. Aussi j'ai rendez-vous dans la journée avec une des responsables des échanges internationaux de l'université de kinésithérapie de Téhéran.

J'ai la joie de prendre le métro pour effectuer mes déplacements !

Au département de police d'immigration j'arrive après la fermeture des locaux. J'insiste pour me procurer uniquement le formulaire à remplir et le numéro de compte en banque afin de m'avancer pour le lendemain. On m’amène devant l'officier responsable qui se montrera intransigeant : Il n'est plus possible depuis quelques jours de prolonger un visa Européen. Je suis donc bouté hors du bâtiment sans plus d'information. Je tente de me renseigner tant bien que mal sur la nouvelle mais ne trouve aucune information complémentaire. Mes rêves de rester pour l'hiver en Iran effondrent et la journée déjà bien éprouvante tourne au calvaire.

Je laisse de coté les formalités administratives pour me rendre à mon autre rendez vous avec l'université de Téhéran. La responsable des échanges internationaux est en Thaïlande pour une conférence, mais Sara qui coordonne le bureau me reçois avec un anglais parfait. Nous discutons donc de mon projet et de mes attentes ici en Iran. Sara est super intéressée par mon projet et notre échange est fructueux, en attendant que cela soit validé par la responsable. Retour en métro sur les coteaux de Téhéran. Moshir me présente à ses amis dans un bar à chicha, coutume locale. A la vu de mon humeur déprimée ils décident d'acheter quelques remontant pour la soirée. L'alcool est prohibé en Iran, mais il suffit d'un coup de téléphone pour se faire livrer ce que l'on souhaite. Ce soir j'aurai le droit à l'arak, sorte de gnôle faite à base de fruit. Salomati !! (santé en perse)

J'attends le surlendemain qu'un ami de Moshir viennent avec moi au département de police. Mais ce ne sera pas d'une grande aide et nous revoilà sortis bredouille tout comme de nombreux voyageurs européens. On décide de tenter notre chance dans un autre bureau à quelques kilomètres. L'ambiance n'est pas la même, au lieu de la cohue de ressortissants de diverses pays qui agitent leurs papiers en tentant de gruger par n'importe quels moyens quelques places précieuses, ici règne un calme surprenant. Je suis reçu rapidement. L'officier refuse de me prolonger mon visa, mais uniquement car il n'est pas arrivé à expiration. Elle m'explique que je pourrai le faire sans problème dans n'importe quelle ville principale, du moment que mon visa est sur le point d'expirer. Le premier officier était donc juste un con qui cherchait à profiter du petit pouvoir qu'on lui avait octroyé. Moshir me fait visiter les hauts quartiers de Téhéran. Hauts car ils sont construits sur les flancs de montagne au nord de Téhéran. Mais aussi par que c'est le quartier prisé des riches fortunés ; ici le mètre carré peut facilement atteindre vingt mille euros. Nous dînerons dans un restaurant non loin et je découvre un certains nombre de nouvelles saveurs iraniennes. Confit d'olive, compotée d'aubergine, yaourt de buffle... rien que l'entrée m'aurait suffit !


Départ le lendemain pour Nadjafabad, en bus encore. Les 10km qu'ils me faudra parcourir pour rejoindre ce terminal seront beaucoup plus faciles, et je me paye même une portion de périph', pour mon plus grand plaisir ! Arrivé a Nadjafabad, je rejoins Hajar qui doit m’accueillir. Elle gère un café culturel dans cette petite bourgade de province (300 000 habitants tout de même !) J'avais pris contact car elle accueille des étrangers en leur offrant le gîte. En contre partie nous sommes demandés de passer du temps dans son café avec les locaux afin de les aider à parler différentes langues (mais surtout l'anglais). Je pensais être un rare badaud de passage à vouloir passer du temps ici. Mais en arrivant, il y a déjà 6 occidentaux sur place ! Belgique, Allemagne, France, Danemark, Argentine... Autant dire que l'ambiance est de mise et prend des allures de colonies de vacances. Nous dormons tous ensemble dans le salon d'Hajar et Mohamed. Certains voyagent en auto stop, d'autres en transport en commun, une autre est cycliste comme moi. Je passe deux jours sur place à partager nos expériences autours de repas collectifs, mais aussi avec les habitants lors de nos moments au café.

Un matin nous nous rendons avec Hajar et Manue (la voyageuse à vélo) à un rassemblement de cycliste en ville. L'idée est de promouvoir la pratique du vélo, très peu répandu en Iran. Il faut savoir que légalement une femme n'est pas autorisée à enfourcher une bicyclette, même si elle tolérée. Nous parcourons une partie de la ville en cortège (femmes et hommes séparés), pour nous rendre dans un Zourkhaneh, gymnase traditionnel Iranien. On assistera à une démonstration de Varzesh-e Pahlavani traditionnel, sorte de gymnastique couplée à de la danse dédiée au culte du corps.

Mon arrêt à Nadjafabad sera bref car je suis attendu dans la ville de Sarpol-e Zahab. C'est la ville proche de l'Irak qui a subit un tremblement de terre courant novembre.

Grâce au réseau de bouche à oreille, j'ai déniché un contact sur place prêt à m'accueillir. Me voilà à attendre un nouveau bus. Hajar et Mohamed m'ont accompagné jusqu'à l’arrêt mais doivent repartir pour tenir le café. Je ne parle pas le Farsi et personne ne parle anglais à l’arrêt de bus, l'alphabet est différent ce qui m’empêche même de connaître la destination des bus qui passent. Par ailleurs j'ai payé mon ticket par transfert bancaire mais je n'ai aucune preuve d'achat ni numéro. Apparemment le chauffeur est prévenu que tout est en règle, espérons-le.... Heureusement Hajar a trouvé un jeune militaire qui doit se rendre à la même ville. Je n'ai qu'à le suivre et devrais arriver à destination.


Pour moi c'est une nouvelle aventure qui commence. Je n'ai aucune idée de ce qui m'attends sur place ni de ce que je vais pouvoir réaliser puisque les associations que j'ai contacté n'ont pas répondu favorablement à mes propositions d'aide (bureaucratie quand tu nous tiens!). Je n'ai pas non plus beaucoup d'informations sur les conditions de vie... ou de survie. C'est pour moi beaucoup plus impressionnant que de m'être lancé dans ce voyage à vélo. Car même si je laisse la place à l'imprévu, je sais cependant toujours où je vais et approximativement mon trajet. Je ne sais ce que je vais trouver, où je vais dormir, et ne mesure à ce moment là probablement pas l'ampleur des dégâts... Je vous publie une photo prise par mon hôte sur place quelques jours après les événements et qui reflète la réalité sur place.



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