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Jom

Je quitte Narrathiwat, dernière ville thaïlandaise où Joe m'accueille dans sa famille. Je me dirige vers la Malaisie et longe la côte jusque la frontière. Il est généralement conseillé de faire un crochet pour un poste frontière international situé à une trentaine de kilomètres. Mais à Takbaï où je me trouve, il y un bac permettant de traverser le fleuve Golok qui marque la séparation entre les deux pays. Le poste frontière semble tout à fait capable de m'octroyer le droit de séjour. J'opte donc pour l'économie d’énergie. J'attends un moment le ferry, je suis arrivé à la pause déjeuner...

Une traversée pour même pas 20 cents et me voilà dans un nouveau pays. Pas de douane (ou du moins pas pour moi), pas de contrôle : un coup de tampon et c'est reparti.

Je poursuis le long de la côte malaisienne pour arriver à Kota Bahru, capitale de la province à une vingtaine de kilomètres. Je passe une première nuit en auberge, puis je rejoins Matt qui m'accueille dans sa famille. Matt est le malaisien que j'avais rencontré quelques semaines plus tôt à Hua Hin en Thaïlande. Il vit à Kuala Lumpur mais il est revenu pour le weekend célébrer en famille le début du ramadan. Nous passons une première journée à visiter les environs, notamment la côte qui n'a rien à envier à son homologue thaïlandaise (les petits points blancs c'est du plastique).

Puis c'est le début du ramadan. Je me lève avant l'aube pour partager « Sahul » avec la famille qui est presque au complet (Matt a sept frères et sœurs...). Visite en ville et visite du bazar ramadan: immense marché de nourriture. Oui parce que pendant le ramadan on jeûne la journée, mais le soir on se rattrape un peu j'ai l'impression.

Fort de cette initiation, je m'en retourne à mes élucubrations cyclopédique. Plus de jeun pour moi (les voyageurs en sont exemptés!) mais mieux vaut être prévoyant car il est impensable de trouver un restaurant ouvert avant minimum quinze heure (pour les plats à emporter). La communauté est ici musulmane (95%) et très pratiquante, voire conservatrice.

Je pique nique donc à l’abri des regards indiscrets. Par respect principalement, mais pour éviter aussi de me mettre dans une situation délicate. Chose qui ne m'avait pas même traversé l'esprit alors que je traversais l'Ouzbékistan pendant le mois de Ramadan l'année précédente.

La côte malaisienne est tout aussi surprenante qu'en Thaïlande, avec de belles plages de sable blanc qui s'étendent à l'infinie, bordée de cocotiers et de rizière un peu plus à l'intérieur du pays. J'y évolue avec un plaisir certain, malgré la chaleur qui m'impose une avancée à un rythme réduit.

J'arrive en fin de journée dans une petite bourgade de pécheur. Je fais le plein de victuailles au bazar Ramadan avant de me mettre à la recherche d'un endroit où camper pour la nuit. Une chape de nuages noirs, annonciateurs d'orage, me surplombe. Mais à l'horizon le soleil fait une percé qui illumine ces monstres de pluie dans une atmosphère inimaginable.


Je campe en bord de mer. Toujours non sans difficulté par les températures qui peinent à descendre en dessous de 28°C la nuit. Après une petite pluie matinale je prolonge jusque Terrenganu. Une famille m’accueille via les réseaux sociaux. Le contact n'est pas au beau fixe. Cela arrive assez peu dans mes rencontres mais pour le coup il n'y a pas l'étincelle que j'ai d'habitude. Ce qui est assez regrettable puisque leur fils de trois ans souffre apparemment d'infirmité motrice cérébrale et semble nécessiter des soins de kinésithérapie des plus urgents. Mais je peine à les convaincre, me butant à un manque de confiance apparent dans la médecine. Je repartirai avec une certaine frustration mêlé à de la déception.

Je coupe désormais plein ouest et m'insère dans les terres. Je vise le lac Kenyir, le plus grand réservoir construit par l'homme en Asie du sud-est. Sur mon passage je longe une immense décharge à ciel ouvert, où s'entassent des déchets dont on ne sait quoi faire dans une odeur pestilentielle. Toute l’Asie est un immense consommateur de plastique sans aucune conscience environnementale malheureusement. Un repas au marché « bazar ramadan » se solde par une dizaine de sac plastique et pas moyen d'y couper puisque pré-emballé à l'avance. Au marché les fruits et légumes sont pré-pesés et pré-emballés, difficile d'éviter le plastique dans ces contrées. La faute à qui? L'occident reste un des premiers responsables assurément. Des articles récents ont aussi dénoncé l'envoie de container de déchets des pays européens et nord américains dans les pays asiatiques et il y a une petite chance d'en retrouver juste à mes pieds actuellement.

Le lac Kenyir est une autre déception à mon arrivée, car les alentours du barrage ont été piteusement aménagés sans aucun charme. Mais après quelques kilomètres j'atteins la jungle tout en longeant le lac qui prend des allures naturelles. La circulation est très peu dense. Je vis des instants magiques proche de la jungle comme pouvait la décrire Mike Horn dans son livre latitude 0.

Bon, je circule aisément sur une route asphaltée et non pas à la machette comme l'auteur aventurier. Mais n'ayant pas beaucoup de circulation je peux profiter du cadre atypique. Les singes qui détallent à mon passage, les sifflements des insectes. Les bruits de la jungle. J'aurais même l'occasion d'assister à un arbre qui s’effondre spontanément au loin, dans un fracas gigantesque instaurant un silence pesant pendant quelques secondes.

Les températures ne m'épargnent toujours pas et contrairement à la côte, je n'ai plus le petit vent laminaire qui pouvait tempérer au risque de me ralentir.

Je trouve un point d'eau assez régulièrement ce qui m'inquiétait puisque ma consommation est assez importante. En fin de journée, mon GPS m'indique littéralement un «coin furtif pour camper». Cela provient d'un voyageur y ayant passé la nuit. Il faut savoir que j'utilise l'application Maps.me sur smartphone qui est une carte participative que chacun peut modifier sous réserve de quelques vérifications.

Et effectivement l'endroit est parfait... mais déjà occupé. Très certainement par des pêcheurs locaux. Le lieu est déserté à cette heure de la journée, je ne peux m'incruster. Parallèlement je ne peux pas me permettre d'attendre la tombée de la nuit et risquer de me voir refuser l'accès, chose qui ne serait probablement pas arrivé, mais dans le doute...

Finalement je trouve un grand pont un peu plus loin et décide d'y établir mon campement pour la nuit. Ma première nuit sous un pont. Mais bon le cadre est idyllique et j'ai aussi quelques pécheurs comme voisins. L'eau est chaude, la baignade pas si rafraîchissante. Heureusement les températures décroissent à la tombée de la nuit.

Au matin je joue des prolongations et reprends la route un peu tardivement. Je roule jusque quitter le lac. J'arrive dans une zone que j'ai surnommé la zone d’expansion. D'expansion de quoi ? De la culture d'huile de palme. La Malaisie est deuxième pays producteur mondial. Une véritable source de revenu pour l'économie locale et nationale... et un véritable fléau environnemental. La déforestation y est massive. La jungle naturelle laisse place aux plantations qui se poursuivent désormais sur des milliers de kilomètres carrés, des palmiers à perte de vue qui stérilisent la terre. Plus de bruit... car plus de vie.

Le paysage est vraiment attristant... et culpabilisant, quand on connait ma consommation de Nutella et autre biscuit durant mon adolescence.

Je retrouve une route principale pour quelques kilomètres qui me permet de refaire le plein d'eau. Mais je la quitte volontiers très rapidement. Les conducteurs sont peu respectueux et roulent à des allures folles sur ce genre d'axe peu surveillé. Je trouve donc une route secondaire toujours bordée de palmiers, où le silence règne et seules quelques vaches s'effraient de mon passage.

Arrivée à Gua musang, où je passe la nuit en auberge faute de trouver où camper et manger. La journée suivante se résume en un enchaînement de côtes et de descentes qui viennent accroître la fatigue accumulée par les kilomètres enchaînés sans repos depuis Kota Bahru. Je trouve une aire de camping au milieu de cet étendue végétale stérile. Il s'agit au final d'une "école" islamique où l'on ne me laisse pas le choix que de prendre un lit dans un dortoir vide et délabré, non sans que l'on se soit enquis de ma religion « par curiosité ». Si je suis accueilli avec tout le respect qu'il se doit, il ne fait aucun doute que l'accueil aurait été différent si j'avais été musulman. J'ai pourtant traversé de nombreux pays musulmans, mais aucuns ne me sont apparus aussi conservateurs que dans ces contrées de la Malaisie. Au réveil je ne croise personne et impossible de trouver quelque chose à avaler. J'ai sous estimé cette portion relativement inhabitée de la Malaisie. Il m'a été difficile ces derniers jours de trouver à manger à cause du Ramadan. J'atteins après plusieurs heures d'ascensions les célèbres Cameron Highlands. Les dix derniers kilomètres sont extrêmement raides, l'altitude atteignant ici plus de 1400m de dénivelés. Je suis définitivement achevé, en plus d'être à jeun depuis le matin. Les délicieuses effluves de coriandre fraîche émanant des camions qui me dépassent ne m'aide pas à oublier ma faim.

Les premiers abords de la région ne sont pas très accueillants, que des serres et du plastique qui traîne partout. Les Camerons Highlands sont une ancienne exploitations de l'empire britannique pour la production de thé. On y produit maintenant des légumes et des fleurs en grande quantité qui sont disséminés au travers de la Malaisie et Singapour.

Ici c'est Troji qui m'accueille. Chinois malaisien, il est originaire de la région et est venu se réinstaller après avoir parcouru un peu le monde. Il a monté une auberge qu'il gère en plus de son implication dans les plantations de fleurs familiales. Troji me propose de m’héberger gratuitement dans son auberge, en contre partie je donne un coup de main pour les fleurs et la tenue de l'auberge. Pas moins de six mille fleurs par jour, principalement des gerberas, grosses fleurs à tige sans feuilles. Chaque fleur est encapuchonnée dans une coupole en plastique rigide pour ne pas l’abîmer, puis empaquetée en bouquet de dix avec un élastique, filmées, et scotchées... Je n'ai pas vraiment participé à sauver la planète ici!

En dehors de l'aspect écologique, l'auberge de Troji est un petit havre de paix. Située loin des endroits touristiques, au milieu des plantations, c'est un endroit bien aménagé et au design atypique dans lequel il est bon de prendre un peu de repos. J'irai tout de même deux jours à la petite ville de Tanah rata, beaucoup plus touristique mais qui donne accès aux plantations de thé et principales randonnées à faire dans la région. La première journée je fais une balade avec Mae, rencontrée chez Troji, dans les incontournables plantations de Boh. Nous favorisons la marche malgré l'accessibilité en transport et il est plaisant de déambuler au milieu des plantations de thé. Je fais la découverte que la plante de thé n'est naturellement pas le buisson que nous avons l'habitude de voir et que sa grandeur provient de la taille régulière. Dans son état naturel, le thé est un véritable arbre, et son tronc peut facilement atteindre plus de vingt centimètre de diamètre. Nous atteignons le point de vue final, qui offre une vue imprenable sur les plantations.

Le lendemain je remet ça sur un sentier qui mène à d'autres plantations de thé. La première partie de la randonnée est en pleine forêt tropicale. Je progresse sur un sentier aléatoire, au gré des racines glissantes et de la végétation assez dense. J'atteins ensuite un éperon et dois suivre la ligne électrique sur un chemin offrant beaucoup moins d’intérêt.

Puis j'atteins un petit village authentique et pittoresque qui borde les plantations. Je me retrouve une fois de plus dans ces ondulations de verdure atypique mais au relief reposant.

Je retrouve la route principale et rentre à l'auberge en stop. Ce n'est pas vraiment un souci dans ces contrées d'autant que le weekend approchant le site devient bondé de touristes locaux.

Troji doit s'absenter une semaine en Chine pour le boulot. Il m'a demandé de m'occuper de son auberge en son absence. Je profite donc de ce weekend chargé pour prendre mes repères et apprendre le fonctionnement de son établissement.

Ayant quelques jours de battements avant le départ de Troji, je préfère avancer mon vélo jusque Kuala Lumpur et revenir en bus. Après une belle côte pour me remettre dans le bain, j'atteins Brinchang, le village culminant des Cameron Highlands et entame une belle descente : soixante kilomètres pour seize cents mètres de dénivelé négatifs. La route n'est pas en super état et relativement étroite. Je joue des coudes avec une file de voitures bloquées derrière un bus trop lent. La course dure bien plusieurs kilomètres pendant lesquels nous nous dépassons mutuellement à plusieurs reprises.

J'atteins une petite bourgade où je déjeune dans un restaurant Indien. Fini la majorité musulmane, je suis en plein cœur du melting-pot malaisien. Fort de son passé colonial, la Malaisie compte trois cultures majoritaires dans le pays: Malais, Chinoise, Indienne. Malgré l'apparence de diversité, celles ci sont relativement clivées avec peu de mariage inter ethnique, un fichage de l'ethnie sur la carte d'identité. La ligne politique est claire : priorité est faite aux malais, même si les autres ethnies sont encouragées à préserver leur us et coutumes de leur pays d'origine. La Malaisie est un des pays qui compte le plus de jours férié, intégrant les jours des fêtes musulmanes, bouddhistes, hindouistes, et de plus en plus chrétiennes. Plus les anniversaires des divers rois (17 états fédéraux...) Bref difficile de s'y retrouver. Coté langage ce n'est pas plus simple, puisque seul le malais est reconnu comme langue officiel. Mais certaines écoles enseignent par exemple qu'en mandarin ou tamoul.

J'atteins Teruk Intan sous les averses de fin de journée où je passe la nuit. Je rejoins la côte ouest le lendemain. Rien à voir avec son homologue orientale. Les paysages sont peu passionnants entre les plantations de palmiers et les villes sans charme. La circulation et relativement dense et j'avance un peu au pilote automatique la musique dans les oreilles. Je dors à Kuala Selangor, ancien port stratégique de l'empire britannique. Joli couché de soleil dont vous n'aurez que les photos de mon téléphone, celui ci étanche aux averses régulières contrairement à mon appareil photo.

Derniers kilomètres jusque Kuala Lumpur, la circulation se fait de plus en plus dense. Et je dois un peu jouer des coudes... façon de parler.

Je m’arrête à décathlon. Il me faut un nouveau matelas gonflable, le précédent faisant parti de la longue liste des objets m'ayant lâché ce dernier mois, avec en pole position un objectif d’appareil photo, ce qui va indubitablement changer la donne sur la qualité des photos à venir.

Alors que je quitte l'enseigne française, une averse diluvienne s'abat sur la capitale. Étonnamment, j'évolue facilement dans la capitale et trouve mon chemin en dehors des grands axes. J'arrive chez Matt qui m'accueille chez lui. S'il occupe une pièce exiguë, il loge dans une tour face au quartier moderne avec une vue imprenable, pour l'instant tout du moins. Il s'occupe de la gestion de location d'appartement et nous pouvons donc profiter des facilités, notamment la piscine à débordement du trente quatrième étage...

Après une visite des principaux lieux touristiques de la capitale, je reprends mon vélo pour le porter chez Louis et sa coloc Emma. Louis est français, Emma est kenyane. Tous deux travaillent pour le siège social des scouts qui est basé à Kuala Lumpur et qui embauche une quarantaine de personnes de pas moins de vingt nationalités différentes. Je passe une soirée en leur compagnie et certains de leurs collègues. Je devais profiter de mon arrêt sur place pour faire un visa indonésien, mais les vacances indonésiennes approchant, ils se devaient de conserver mon passeport pour plus de deux semaines, ce dont je ne peux vraiment me permettre. Je reprends donc la route des Cameron, sans visa et en bus cette fois ci.

De retour dans la fraîcheur des montagnes, me voilà aux commandes de l'auberge pour une semaine. Les parents de Troji prennent soin de moi et me remplume copieusement. Le frère est d'une gentillesse rare et je me lie avec ses enfants, qui parlent un anglais exemplaire pour leurs jeunes ages. A savoir que la mère de Troji est de région cantonaise, le père mandarine. Les ouvriers (illégaux) sont bengalis, mais ont des bases de malais pour converser avec la famille, la belle sœur est japonaise et s'adresse à sa famille en japonais... Bref c'est un joyeux bordel linguistique tout au long de mon séjour, mais je m'en sors. Troji revient et il est temps pour moi de repartir, non sans un petit pincement au cœur. Quitter cette famille dont j'ai fait parti durant une semaine.

Mon arrêt à KL est express, je repars dès le lendemain matin. Au moment de mon départ je me trompe de route, le trafic est dense, de plus une pluie diluvienne s'abat sur la capitale. Toute les conditions sont réunies pour éviter de rouler. Je me dirige rapidement vers la gare pour tenter une sortie de la capitale avec le KTM, équivalent du RER parisien. Les officiers ne savent pas trop s'ils peuvent m'autoriser à embarquer mon vélo. J'impose donc un peu ma bicyclette sans que personne ne s'y oppose. Je sors ainsi de la capitale avec une facilité inattendue. A ma sortie du train la pluie a cessé et je reprends la route vers le Sud. Je roule dans une circulation toujours relativement dense, essayant d'ignorer les dépassements peu conventionnels.

J'arrive à port Dickson en fin d'après midi. Finalement heureusement que j'ai esquivé la sortie de KL pour m'avancer dans ma journée. Rod m'accueille dans une sorte de maison secondaire sommaire mais bien entretenue. Il est guide touristique et vit à KL. Il vient de temps en temps ici avec ou sans famille, sans pour cette fois ci.

Nous discutons beaucoup. Rod a une ouverture d'esprit rare pour un musulman de ce pays. J'admets avoir eu un peu de mal à parler religion en Malaisie (un des sujets de conversation préféré de mes hôtes en général). Je commence pourtant à être rodé avec le nombre non négligeable de pays musulmans traversés, notamment l'Iran et l’Ouzbékistan. Mais ici, ils sont assez conservateurs et les discussions coupent souvent cours, d'un côté ou d'un autre, ce qui ne m'est jamais arrivé auparavant.

Je repars dès le lendemain en direction de Melaka. J'arrive plus tard que prévu, après avoir du faire un long détour à cause d'une zone militaire que je n'avais pas aperçu sur ma carte. Melaka est une ville charmante au centre historique pittoresque. Je dors dans une auberge, fort content d'avoir un peu de temps pour moi. Etre accueilli est toujours très agréable, mais cela prend beaucoup d’énergie. Ceci étant je ne reste pas seul longtemps et trouve rapidement des compères pour trinquer en terrasses sur les bords des canaux.

Il ne me reste qu'une quarantaine de kilomètres pour atteindre Muar où je projette un arrêt. Je retrouve Lily, qui gère une auberge de jeunesse, et son compagnon, Walter, cyclo voyageur hollandais. Je les avais rencontré il y a cinq mois au Laos dans les 4000 îles, nos chemins se retrouvent. J'ai à peine le temps de me rafraîchir que nous partons chez des amis musulmans de Lily. C'est l'Eid en ce jour, fête musulmane célébrant la fin du ramadan, où il est coutume de s'inviter à manger. Et manger est un euphémisme!

Je passe quelques jours en leur compagnie aidant aussi à la gestion de l'auberge pour ce weekend chargé car synonymes de vacances nationales. Nous aurons l'occasion de nous rendre à une prière du vendredi, plus ou moins suivie par les fidèles des derniers rangs plus préoccupés par leur smartphone.

Nous profitons de ma dernière journée pour une virée à une cascade non loin de chez Lily. Le site est prisé en ce moment de vacances. Il n'y a donc que des locaux et nous ne passons naturellement pas inaperçus.

Je retourne à Kuala Lumpur... cette fois pour mes rendez-vous avec des kinésithérapeutes dans le cadre de mon projet. A cause des vacances il n'a pas été facile de planifier une rencontre lors de mes précédents séjours à la capitale. Aussi il faut dire qu'il n'est pas aisé d'organiser un rendez-vous ici: annulations, reports... je dois m'y prendre à plusieurs reprises. Mais il semblerait que je tienne mon saint Graal, enfin ! Me voilà de nouveau dans un bus en direction de la mégapole. Le voyage n'est pas super confortable, il faut que je tienne la manette d'inclinaison pour ne pas me retrouver à l'horizontale à la moindre secousse. Au moins les bus sont à l'heure ici, j'ai parfois eu à attendre jusqu'à deux heures que le bus soit suffisamment rempli avant de partir.

Je rencontre dans un premier temps Kelly dans son cabinet privé. Kinésithérapeute et vice présidente de l'association nationale. Nous échangeons sur les particularités de la Malaisie qui peine à faire développer la profession. Puis je pars pour Cyberjaya, en périphérie de KL. Ville épurée, calme et de plus en plus prisée de part sa situation idéale, son accessibilité en transport et le cadre de vie qu'elle propose. Je pense qu'elle sera méconnaissable dans quelques années aux vues de son développement impressionnant. Je me rend à l'université de kinésithérapie qui accueille des étudiants de près dix nationalités différentes, la Malaisie ayant des accords avec des pays d’Afrique notamment. Petite intervention auprès des étudiants et professeurs suivi d'un moment d'échange (et de selfies, on est toujours en Asie!) dans une bonne ambiance.

Je passe une dernière soirée à Kuala Lumpur et en profite pour une sortie "by night" près des tours Petronas. Malgré le centre commercial très prisé, le parc offre une aire calme au milieu du verre et du béton ambiant.



Je reprends la route pour Muar, il est temps de remonter en selle. Je quitte la ville pour longer la côte et me dirige vers Singapour. Un premier arrêt dans une petite ville où Mar me laisse dormir dans le café qu'elle gère. Elle est curieuse et probablement la personne avec laquelle il aura été le plus sympa d'échanger durant mon séjour en Malaisie. Puis direction Johor bahru. Ici c'est une autre collocation d'étudiant qui m'ouvre la porte pour la nuit. Mohammad est égyptien et ses amis sont yéménites. Après une collocation d'étudiants africains à Cyberjaya (somalien, soudanais, érythréen) on peut dire que je peaufine ma culture géopolitique.

Dernier coups de pédales avant d'entrer à Singapour, la cité jardin. Et qui porte bien son nom, les abords de la cité état sont verdoyant et il y a très peu de véhicules sur la route que j'emprunte. Et pour cause, Singapour possède un des réseaux de transport en commun des plus développé et efficace, au détriment des pistes cyclables malheureusement.

Je suis hébergé par Laura, briançonnaise qui vit ici depuis près d'un an. Elle m'accueille en bonne et due forme avec Ricard, un camembert au four et du vin. La couleur est donnée, retour à la culture occidentale.

Je bulle a SG pendant une semaine. Laura travaille et je profite de son abonnement au yoga. Je me perds un peu la ville en son absence, mais nous gardons les lieux principaux à faire ensemble. Singapour est une ville où se mêle modernisme et verdure. Certains buildings possèdent carrément plusieurs étages de terrasses verdoyantes accompagnées de piscine généralement. Les prix sont tout à fait en dehors de mes moyens mais heureusement la nourriture reste bon marché. J'en profite pour faire mon visa indonésien que je n'ai pu avoir en avoir en Malaisie. Je prépare aussi mon itinéraire pour ce pays qui s'annonce comme une belle tranche de mon épopée. Nous passerons pas mal de temps avec un couple d'amis de Laura, Fanny et Matthieu, qui me font goûter leur pain, leur bières, leurs rillettes, les gauffres (de liège!) le tout fait maison. Pour ma dernière soirée nous assistons au son et lumière des "supertrees", lieu iconique de Singapour. Je retrouve momentanément le plaisir de se poser un endroit et de développer des relations, un réseaux, reprendre des habitudes. Mais ça reste de courte durée pour moi puisqu'il me faut désormais prendre la mer par ferry pour rejoindre l'Indonésie.


Jom! (c'est parti)


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